
Comme toute grande ville, Montréal a toujours été un lieu de circulation et de rencontre. Sa position sur le fleuve Saint-Laurent a fait d’elle une plaque tournante reliant le Canada à l’Europe et aux États-Unis. Déjà à partir de l’époque de la traite des fourrures, Montréal est un centre urbain où se côtoient les autochtones et les colonisateurs francophones et anglophones. À ces groupes (déjà mobiles) s’ajoutent au fil du temps des gens de divers horizons attirés par la croissance de la ville comme centre financier du Canada, plaque tournante du commerce national et international, milieu industriel, et centre intellectuel et culturel, comme des gens des régions rurales en train de vivre une urbanisation, des réfugiés et migrants d’outre-mer, et des professionnels, étudiants, touristes et autres y cherchant un point d’amarrage ou de passage. Cet aspect de Montréal est accentué de nos jours par le rôle accru des grandes villes dans la nouvelle économie mondialisée. Depuis les années 60 et la « Révolution tranquille », le Québec s’affirme comme espace national francophone, avec la ville de Québec comme capitale nationale et Montréal comme métropole, centre d’affaires et capitale culturelle. La diversité, le plurilinguisme et la mobilité de Montréal dérangent cette vision, et la ville devient un « champ de bataille linguistique sur lequel l’avenir de la langue française au Québec sera déterminé ». Aujourd’hui alors on se demande si Montréal doit être un nœud dans un réseau de villes globales et cosmopolitaines, ou plutôt la capitale d’un pays francophone, le Québec. Cette porte d’entrée nous offre l’opportunité de saisir diverses dynamiques de mobilité et leur lien avec les idées de l’État-nation comme uniforme et bien ancré. Nous examinons :
La construction du citoyen franco-Québécois vis-à-vis les autres imaginaires en circulation
Nous examinons les tensions entre diverses tentatives de faire de Montréal un lieu de socialisation de francophones Québécois, dans l’optique de Montréal métropole nationale, et les circulations et les multiples appartenances de gens ayant différents parcours, et différents points d’amarrage.
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Quatre volets
- Construire une communauté. Avec un regard sur Verdun, nous examinons comment un quartier ouvrier anglophone devient un lieu de gentrification pour de jeunes francophones, y inclus des représentant-e-s de la vague récente de Français de France qui s’installent à Montréal.
- La classe d’accueil. La classe d’accueil est la forme institutionnelle par excellence de la construction de futurs franco-Québécois. Elle reçoit les jeunes issu-e-s de l’immigration pour un programme intensif d’enseignement du français et socialisation à la culture scolaire québécoise, avant leur intégration à « la classe régulière ».
- Montréal, point d’amarrage, lieu de passage. Les gens rencontrés sur nos autres terrains passent souvent par Montréal, pour des séjours réguliers, saisonniers, temporaires ou parfois à plus long terme. La ville possède aussi divers organismes de gestion des mobilités, allant de la « régionalisation de l’immigration » (voir terrain Rimouski), aux services aux immigrés, aux institutions post secondaires de recrutement d’étudiant-e-s étrangers-ères.