ATELIER 1
Atelier du projet Un Canadien errant : ancrages, mobilités et restructurations transformatrices de l’identité nationale.
School of Community and Public Affairs, Université Concordia
Le 30 janvier 2019
Participant.e.s
Julie Bérubé, Ministère de la Culture et des Communications (Québec)
Lise Blanchette, Office québécois de la langue française
Émilie Bouchard, Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées ou immigrantes
Jean-Pierre Corbeil, Statistique Canada
Éric Desautels, Office québécois de la langue française
William Floch, Ministère du Conseil exécutif, Secrétariat aux relations avec les Québécois d’expression anglaise
Mahnaz Fozi, Accueil et intégration Bas Saint-Laurent
Caroline Guimond, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
Jacquelyn Hébert, participante
Yasmina Kotevski, Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada
Marilyne Lareau, Commissariat aux langues officielles
Maryse Lassonde, Conseil supérieur de l’éducation
Elke Laur, Ministère de l’Immigration, de la diversité et de l’inclusion
Lorraine O’Donnell, Quebec English-speaking Communities Research Network
Yulia Presnukhina, Ministère de l’Immigration, de la diversité et de l’inclusion
Carsten Quell, Secrétariat du Conseil du Trésor
Éric Quimper, PROMIS aide aux immigrants et aux réfugiés
Miguel Robichaud, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
Robert James Talbot, Commissariat aux langues officielles
Raymond Théberge, Commissaire aux langues officielles
Robert Vézina, Office québécois de la langue française
Jean Viel, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
Yan Xiaoyi, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
Membres de l’équipe Un Canadien errant
Monica Heller, Université de Toronto, monica.heller@utoronto.ca
Yves Frenette, Université de Saint-Boniface, yfrenette@ustboniface.ca
Patricia Lamarre, Université de Montréal, patricia.lamarre@umontreal.ca
Gabrielle Breton-Carbonneau, Université de Toronto, g.breton.carbonneau@utoronto.ca
Tessa Bonduelle, Université de Toronto, tessa.bonduelle@mail.utoronto.ca
Thierry Deshayes, Université de Toronto, thierry.deshayes.pro@gmail.com
Isabelle C. Monnin, Université de Saint-Boniface, imonnin@ustboniface.ca Anne Sophie Roussel, Université de Toronto, anne.roussel@mail.utoronto.ca
Déroulement de la journée
Ouverture de l’atelier
Introduction : motivations du projet et de l’atelier
Présentation : Monica Heller, Yves Frenette, Patricia Lamarre
Thématiques abordées :
• Les communautés linguistiques et leurs présupposés : l’enracinement, l’homogénéité, les frontières, l’intégration
• Les systèmes de mesure
• les mobilités et les frontières sociolinguistiques fluides
• les barrières à l’appartenance à la francité
• la continuité dans le temps (deuxième moitié du 19e siècle à nos jours)
SÉANCE 1
(présentation et discussion)
Le Bas Saint-Laurent : migrations et francité dans une région « typiquement » franco-québécoise
Présentation : Yves Frenette, Tessa Bonduelle, Anne Sophie Roussel, Patricia Lamarre, Monica Heller
Répondante : Elke Laur, Ministère de l’Immigration, de la diversité et de l’inclusion
Thématiques abordées :
• les tentatives d’occuper l’espace (« colonisation », « régionalisation de l’immigration »)
• le rapport rural-urbain, centre-périphérie
• mobilités pendulaires et linéaires
• l’espace francophone authentique et rôle de la langue: qui appartient/qui peut appartenir
SÉANCE 2
(présentation et discussion)
Manitoba-Montréal… Manitoba and back?
Présentation : Monica Heller, Gabrielle Breton-Carbonneau et Isabelle C. Monnin
Répondant : William Floch, Ministère du Conseil exécutif, Secrétariat aux relations avec les Québécois d’expression anglaise
Thématiques abordées :
• les rapports étroits entre le Manitoba francophone et les « centres » ou les « métropoles »
• le recrutement dans le passé et aujourd’hui
• les mobilités
• les frontières
SÉANCE 3
(présentation et discussion)
Somewhere over the mountains… Okanagan-Similkameen
Présentation : Patricia Lamarre, Thierry Deshayes et Monica Heller
Répondante : Julie Bérubé, Ministère de la Culture et des Communications
Thématiques abordées :
• Canadiens français et Français dans la vallée au 19ième siècle
• les ‘pionniers’ du 20ième siècle
• les vagues de travailleurs francophones (notamment québécois) depuis la récession économique des années 1980
• mobilités pendulaires, linéaires et autour de l’Amérique du Nord et le Pacifique : passages et ancrages
• être « francos », « franco-colombiens », « québécois » et citoyens du monde en Colombie-Britannique et au Québec
SÉANCE 4
(présentation et discussion)
Les liens transversaux et pertinence pour la politique publique
Thématiques abordées :
• l’invisibilité de plusieurs formes de mobilité
• les divers objectifs : survivre, acquérir un capital valorisé, se réinventer, fonder une utopie…
• les inégalités et les tensions; la question des espaces dans les mobilités comme source de tensions et d’inégalité
• comment les mobilités soutiennent ou déstabilisent la nation ancrée
Rapport-synthèse
Malgré un foisonnement de points riches et complexes sortis de la discussion, ce rapport traitera uniquement des thèmes qui nous ont paru transversaux. On indique aussi quelques-unes des questions que la discussion a soulevées.
Thème 1. Le rapport entre vitalité et mobilité
On traite normalement les concepts de vitalité ou d’épanouissement des communautés linguistiques comme reliés à l’ancrage à long terme d’une population sur un territoire. La mobilité est souvent comprise comme un problème. Cependant, on constate une autre manière de comprendre le rapport entre vitalité et mobilité : l’importance d’un réseau d’espaces permettant à des populations linguistiques, qui sont de toute façon mobiles, de circuler, et parfois de s’ancrer, et où leur langue joue un rôle central. La mobilité peut en fait contribuer à la vitalité et à l’épanouissement des communautés francophones, qu’elles agissent comme points de départ, de transit, de retour ou de nouveaux ancrages. Ceci soulève un problème pratique : si on veut en tenir compte, dans toutes ses formes (mobilités linéaires, circulaires ou pendulaires; passages et ancrages) quels outils de description et de mesure faut-il utiliser ou inventer? Et une question sociale : si l’Église a souvent joué le rôle d’espace de passage et d’ancrage dans le passé, ce sont plutôt maintenant l’État, le milieu associatif, les institutions d’enseignement et de formation, le milieu de travail et mêmes les mouvements et médias sociaux qui sont importants : quel est l’impact de ces changements sur les pratiques et les imaginaires linguistiques? Qui participent à ces points d’ancrage, qui pas, et pour quelles raisons ?
Thème 2. Les dynamiques complexes de l’inclusion et de l’exclusion
On suppose généralement que l’intégration (accès au travail, à l’éducation et la formation, au logement, aux relations sociales…) passe par la langue, présentée comme vecteur neutre de communication. En même temps, on en fait un symbole d’appartenance culturelle. Cette contradiction produit des dynamiques complexes d’inclusion et d’exclusion qui touchent tous ceux et toutes celles qui cherchent à participer à un espace linguistique. Ces processus peuvent avoir lieu partout. Pour ce qui est de la francophonie canadienne, ce sont surtout les Québécois francophones qui sont en position de juger la légitimité des autres, qu’ils et elles soient immigrés, anglophones, autochtones ou francophones des autres provinces, tout comme ils et elles se jugent eux- et elles-mêmes. Ces jugements se passent dans les interactions banales de la vie quotidienne autant que durant les moments moments-clé (par exemple, lors d’une entrevue pour un emploi). Ils portent autant sur le français que sur le bilinguisme anglais-français. Certains jugements deviennent par ailleurs institutionnalisés, visant à créer une norme en français, et de tenir l’anglais à l’écart du français. La réaction au jugement est hautement variable. Elle peut dépendre des expériences antérieures des locuteurs avec le français (par exemple, une ambivalence chez ceux et celles issus de milieux où le français est une langue de colonisation, imposée subtilement ou plus violemment – y inclus au Canada). Elle peut également dépendre des possibilités offertes par les réseaux et les espaces d’appui disponibles, comme la présence de camarades de classe ou de membres de la famille, une institution d’accueil sympathique, une lettre de recommandation… Compte tenu de ces situations, comment pouvons-nous imaginer l’appartenance et réfléchir l’idée de la francophonie? Comment tenir compte des barrières invisibles et de leurs conséquences, non seulement pour les individus mais, par exemple, pour la vitalité économique d’une région? Que pouvons-nous apprendre des diverses formes de navigation d’obstacles et d’opportunités observables ?
Thème 3. La longue – ou la moyenne – durée
Un regard historique permet de constater une forte continuité dans les formes de mobilité observées, même si cette histoire est souvent effacée presque complètement (par exemple, la place des Syriens et des Juifs dans les régions rurales ou semi-rurales du Québec) ou partiellement (on raconte les mobilités comme si elles étaient linéaires, du point A au point B, même si elles ont été le plus souvent plus complexes). Parmi les effacements, une certaine continuité dans les conditions économiques et politiques ayant servi de moteur à la mobilité au fil des ans : exploitation des ressources, occupation de l’espace, mobilisation d’une main d’œuvre. Comment en tenir compte pour les projets politiques, économiques et d’occupation de l’espace, d’aujourd’hui ? De plus, un regard historique nous permet de constater que l’on s’interroge peu sur les dynamiques d’inclusion ou d’exclusion qui auraient caractérisées ces mobilités. Qu’est-ce que les formes d’exclusion du passé auraient à nous apprendre sur la possibilité de développer de nouvelles approches à l’inclusion ?
ATELIER 2
Un Canadien errant : mobilités, ancrages et transformations restructurantes de la francité canadienne
Université de Saint-Boniface
Le 25 novembre 2019
Participant.e.s
- Louis Allain, Conseil de développement économique du Manitoba
- Jean-Michel Beaudry, Société de la francophonie manitobaine
- Annie Bédard, Santé en français
- Joelle Boisvert, World Trade Centre – Winnipeg
- Denyse Côté, Participante
- Ibrahima Diallo, Université de Saint-Boniface
- Peter Dorrington, Université de Saint-Boniface
- Paulette Duguay, Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba et participante
- Roxane Dupuis, Conseil jeunesse provincial
- Jacquelyn Hébert, Participante
- Jacques Hébert, Participant
- Guy Jourdain, Association des juristes d’expression française du Manitoba (AJEFM)
- Michel Lagacé, Société historique de Saint-Boniface
- Salwa Meddri, Réseau en immigration francophone du Manitoba
- Carole Michalik, Direction des ressources éducatives française
- Stéphane Oystryk, Participant
- Éric Plamondon, Art Space
- Bintou Sacko, Accueil francophone
- Raymond Théberge, Commissariat aux langues officielles
- Nadège Tuo, Participante
- Nicole Young, Services en français (Ville de Winnipeg)
Membres de l’équipe « Un Canadien errant »
Monica Heller, Université de Toronto, monica.heller@utoronto.ca
Yves Frenette, Université de Saint-Boniface, yfrenette@ustboniface.ca
Patricia Lamarre, Université de Montréal, patricia.lamarre@umontreal.ca
Chedly Belkhodja, Université Concordia, chedly.belkhodja@concordia.ca
Gabrielle Breton-Carbonneau, Université de Toronto, g.breton.carbonneau@utoronto.ca
Isabelle C. Monnin, Chercheure indépendante, isabelle.monnin@gmail.com
Yves Labrèche, Université de Saint-Boniface, ylabreche@ustboniface.ca
Thématiques abordées :
• Les communautés linguistiques et leurs présupposés : nous avons tendance à penser les communautés linguistiques comme enracinées et à un certain degré homogènes (si ce n’est que linguistiquement). C’est la construction de leur condition idéale.
• Nous avons inventé des systèmes de mesure (par exemple, le recensement) pour mesurer leur « vitalité » dans ces termes
• Par conséquent, on se préoccupe des frontières : des départs (que l’on caractérise comme « perte » ou « exode ») et des entrées (« gain » ou « intégration »). Dans ce système, il faut demander qui a un accés facile et qui rencontre des barrières à l’appartenance à la francité? À quel prix? Est-ce équitable?
• En même temps, on peut renverser la lorgnette : les mobilités sont aussi constitutives de la francité canadienne depuis le début de la colonisation et les frontières sociolinguistiques sont fluides
• Si ces mobilités et fluidités sont normalisées, quelles visions de la francité canadienne en découlent?
L’atelier a examiné trois facettes de ces thèmes à partir des données du projet, en soulignant les liens entre les processus interactionnels dans la vie quotidienne, les processus institutionnels et les politiques et programmes, surtout gouvernementaux mais aussi communautaires. Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur des concepts comme « francophonie » ou encore « francité » pour nous éloigner des écueils d’une terminologie essentialisante et enracinante centrée sur la personne, la communauté ou le territoire. Cela nous permet de nous concentrer sur les processus sociaux d’inclusion et d’exclusion sociale, et sur les débats concernant les critères d’appartenance.
SÉANCE 1 : Le recrutement des immigrants francophone
Présentation : Chedly Belkhodja (Université Concordia)
Répondante : Salwa Meddri (Réseau en Immigration Francophone du Manitoba)
Thématiques abordées :
• Destination Canada : Forum de promotion
• Les enjeux de l’immigration au Québec et en « milieu minoritaire »
• Les conséquences des structures en place pour l’accès aux collectivités francophones
• L’« intégration » en milieux urbain et rural, la « régionalisation » et la mobilité
On constate que pour ce qui est de l’immigration et de l’intégration, on a deux projets qui ne sont pas nécessairement les mêmes : le projet des communautés francophones, qui cherchent à renforcer leur communautés démographiquement, notamment en ce qui concerne la participation aux institutions de la francophone canadienne, et celui des familles ou des individus que l’on recrute. Ceci se manifeste de diverses façons :
1) Les immigrés sont surpris de constater le besoin de compétences en anglais pour la formation, l’emploi et la vie quotidienne; les institutions francophones ne sont pas en mesure de faciliter leur accès à cette langue.
2) Il y a des difficultés à recruter et à retenir les immigrés; le recrutement vise possiblement un profil idéal qui n’existe peut-être pas dans le bassin de personnes intéressées, l’intégration ne vise pas l’éventail des besoins des individus et des familles ou leurs intérêts, qui peuvent dépasser les institutions francophones ou l’ancrage géographique. En plus, on a tendance à miser sur la langue comme outil privilégié de recrutement et d’intégration, mais ce n’est peut-être pas le seul et même pas le plus important.
3) L’accès à l’emploi est en fait difficile pour diverses raisons liées à la protection des marchés privilégiés. Le cas le plus clair est celui des ordres professionnels, mais ça se passe aussi dans la non-reconnaissance des immigrés comme locuteurs légitimes dans la vie quotidienne.
4) en milieu minoritaire, il peut aussi y avoir incohérence entre les objectifs et les moyens à divers paliers gouvernementaux et locaux.
SÉANCE 2 : Manitoba-Montréal-Europe, passé et présent
Présentation : Gabrielle Breton-Carbonneau (Université de Toronto) et Yves Frenette (Université de Saint-Boniface)
Répondant : Stéphane Oystryk (Participant/Pretty Grizzly Productions, Saint-Boniface)
Thématiques abordées :
• les mobilités cachées en faveur d’une histoire d’ancrage
• le recrutement d’immigrés francophones dans le passé et aujourd’hui : une continuité
• les rapports étroits entre le Manitoba francophone et les « centres » ou les « métropoles » au Québec et en Europe : la construction de la périphérie et ses conséquences
Comme ailleurs, on a tendance à raconter l’histoire du Manitoba francophone en termes de mouvements linéaires de points A à points B : les gens viennent, ils s’installent, ils construisent une communauté. À la limite, on reconnaît le déplacement des ruraux à la ville, dans la construction de Saint-Boniface comme centre institutionnel. Mais dans les faits les mouvements ont toujours été et demeurent plus complexes, avec des allées et venues, et des trajectoires où le Manitoba n’est qu’un point d’ancrage parmi d’autres dans les histoires des familles et des individus. Quelle compréhension perdons-nous en effaçant ces mobilités? Comment ces histoires peuvent-elles nous permettre, par exemple, de mieux cerner les efforts actuels de recrutement d’immigrés francophones?
Notons deux phénomènes :
1) Les liens entre les formes de recrutement des vagues de la fin du 19e/début 20e siècles et aujourd’hui. Dans le passé, les acteurs institutionnels principaux reliaient l’Église et l’État, aujourd’hui ces liens sont entre le milieu institutionnel (notamment éducationnel) et associatif et l’État; mais on a toujours des agents qui font le lien, qui vendent pour ainsi dire le Canada à des francophones cherchant à améliorer leur sort. Hier : la terre, pour des habitants de régions pauvres de la France, de la Suisse, de la Belgique; aujourd’hui, l’emploi dans une agriculture industrialisée ou dans le secteur tertiare, ou la formation, pour des ressortissants de la Francophonie post coloniale (mais on commence toujours par Paris).
2) Le Québec demeure le centre de la légitimité franco-canadienne. La seule forme de départ consacrée est le passage quasi obligatoire à Montréal (ou la France dans certains cas). Ceci dit, cette relation centre-périphérie provoque une tension entre l’obligation de rester pour bâtir sa communauté et l’obligation de passer par le centre de légitimation de la francophone canadienne au Québec (tension bien présentée dans le film de Stéphane Oystryk, FM Youth (2014)).
3) Le sentiment d’être jugé par les Québécois (sous forme de commentaires sur l’accent en français ou sur la trop bonne connaissance de l’anglais) remet en question la francité et l’appartenance des Franco-Manitobains. De la même manière, ce genre de jugement est utilisé à travers la Canada pour exclure certains groupes, comme les Métis ou les immigrés.
4) Justement, normalement on ne relie pas les diverses formes de mobilité entre elles : arrivées des premiers Blancs francophones dans la région à la fin du 19e/début du 20 siècles; recrutement actuel d’immigrés francophones; passage ou déménagement des Franco-Manitobains au Québec. Mais on peut les considérer comme diverses facettes du même phénoméne.
SÉANCE 3 : La vallée de l’Okanagan-Similkameen : passages et ancrages
Présentation : Patricia Lamarre (Université de Montréal)
Répondant : Michel Lagacé (Société historique de Saint-Boniface)
Thématiques abordées :
• les vagues de mobilité en Colombie-Britannique depuis le 19e siècle jusqu’aujourd’hui
• la diversité de la communauté qui s’établit à la suite de ces mobilités
• être « franco », « franco-colombien », « francophile », « québécois » et « citoyens du monde » en Colombie-Britannique
La vallée est un cas intéressant, car, même si les francophones y sont présents depuis des siècles, il y a une tension entre les mobilités qui les y amènent, majoritairement de façon passagère, et les diverses tentatives d’ancrage que l’on y voit. Parmi ces tentatives, certaines sont reconnues comme faisant partie de l’archipel des institutions de la francophonie en milieu minoritaire (école, radio) et d’autres non (réseau d’appui au travailleurs franco-canadiens – surtout québécois – saisonniers). Justement, le cas des travailleurs saisonniers dans le milieu agricole, très différent des centres urbains franco-colombiens, montre le décalage entre les systèmes de recrutement gouvernementaux (travailleurs étrangers) et informels (travailleurs canadiens). Le décalage est comblé par d’anciens travailleurs qui ont développé un réseau de soutien pour les travailleurs informels qui est peu reconnu. Les réseaux formels et informels se croisent lorsque les personnes qui veulent rester au moins un peu plus longtemps trouvent des emplois dans le milieu institutionnel ou associatif. Ensemble, ces systèmes permettent de maintenir une mobilité des jeunes ; pour les étudiant-e-s, cette mobilité combine rêves de liberté et rites de passage liés à l’imaginaire de l’Ouest (donc le revers exact de la médaille de la mobilité des jeunes du « milieu minoritaire » vers le Québec). Dans la vallée, leur présence et leur flexibilité facilitent le fonctionnement de l’économie régionale. Souvent cachés dans ce portrait, on trouve aussi des gens qui cherchent plutôt une façon de survivre. Ce système n’est pas nouveau : on y trouve des jeunes qui constituent déjà dans leur famille la 2e génération de travailleurs mobiles.
SÉANCE 4 (discussion générale) : Liens transversaux et pertinence pour la politique publique
Animateurs : Peter Dorrington et Yves Frenette (Université de Saint-Boniface)
Thématiques abordées :
• l’invisibilité de plusieurs formes de mobilité
• comment les mobilités soutiennent ou déstabilisent la nation ancrée
• l’Ouest diversifié
• redéfinition des francophones
Il est important maintenant de s’orienter vers un imaginaire du futur. Il y a plusieurs raisons de penser que les réalités qui sous-tendent les structures et les attentes actuelles ne correspondent pas (plus?) à des réalités qui attirent maintenant notre attention. Même si une priorité d’équité et de justice sociale perdure, on remet en question les manières d’y arriver à travers les concepts de francophonie ou de francité canadienne. Ces réalités comprennent :
• la réconciliation avec les autochtones
• l’intérêt des « francophiles » et des « immigrés » de participer aux espaces francophones
• la multiplication de ces espaces (qui sont sociaux plutôt que strictement géographiques)
• les tensions entre la langue comprise comme outil ou habileté et la langue comme base de construction de relations sociale voire d’appartenance
On constate l’importance de créer des possibilités pour débattre de ces questions et de créer des imaginaires alternatifs (les arts notamment peuvent jouer un rôle important à cet égard, au-delà de l’expression culturelle). Les enjeux incluent les systèmes de mesure et d’évaluation impliqués dans la distribution des ressources et l’accès équitable à ces ressources.