par Jacquelyn Hébert et Monica Heller
Jacquelyn Hébert est née à Winnipeg en 1979. Ses parents, Denyse Côté et Jacques Hébert, ont tous les deux grandi dans des familles francophones à St-Pierre-Jolys, un village au sud-est du Manitoba. Denyse vient d’une famille de cinq enfants et Jacques d’une famille de neuf. Comme la plupart des habitants du village à l’époque, ils sont d’ascendance canadienne-française. Autre que le père de Denyse, qui est venu au Manitoba du Québec à la recherche de travail dans les années 1930, leurs familles étaient établies au Manitoba depuis plusieurs générations.
Jacquelyn a hérité son amour de voyager de ses parents à partir d’un très jeune âge. Par exemple, au mois d’août 1980, Jacquelyn et ses parents rendent visite à des amis à Anaheim, en Californie et en septembre de la même année, les trois partent pour un voyage en backpacking de six mois à travers plusieurs pays européens. Jacquelyn célèbre sa première fête à Londres, en Angleterre, qui est la première ville de plusieurs endroits qu’ils visiteront, dont l’Écosse, la Grèce, la France, l’Allemagne , l’Espagne, la Suisse, le Portugal, l’Italie et l’Autriche.
Dès leur retour au Canada, sa famille vit dans un appartement dans le quartier de Fort Garry à Winnipeg pour être près de l’Université du Manitoba où Denyse commence ses études de droit. Denyse terminera ses études en 1984, et travaillera comme avocate jusqu’en 2018, quand elle prend sa retraite. Jacques devient infirmier et passe une grande partie de sa carrière dans le secteur des soins de santé dans l’unité des soins intensifs et de cardiologie au Health Sciences Centre de Winnipeg.
En 1983, Jacques et Denyse achètent leur première maison sur la rue Dumoulin, dans le quartier de Saint-Boniface. En 1984, son frère Colin est né et Jacquelyn commence la maternelle à l’école Taché ; elle y reste jusqu’à la fin de la troisième année. En 1988, la famille déménage sur la rue Larchwood, dans le quartier de Norwood. À cause du déménagement, Jacquelyn doit changer d’école ; elle commence sa quatrième année à l’école francophone Précieux-Sang où elle reste jusqu’à la fin de son secondaire 2 (10e année). En juin 1995, en partie à cause d’un décroissement du nombre d’élèves dans la communauté francophone de Winnipeg, l’école Précieux-Sang ferme les portes de son secondaire. En septembre 1995, elle commence son secondaire 3 (11e année) au Collège Louis Riel à Saint-Boniface.
Dès la fin de son secondaire en 1997, Jacquelyn reçoit une bourse pour étudier au Collège Universitaire de Saint-Boniface, mais elle ne croit pas que cette institution lui permettra de réaliser ses objectifs. Elle aimerait voyager, mais veut faire un peu plus d’études avant de partir. En septembre 1997, vivant encore chez ses parents, elle commence des études postsecondaires à l’Université de Winnipeg où elle ne connait que deux autres personnes. La transition aux études en anglais et dans un nouveau milieu social est un peu exigeante, mais elle s’adapte assez facilement. En septembre 1999, elle change d’école pour étudier à l’Université du Manitoba. Durant l’été 2000, Jacquelyn participe à un programme d’échange de trois mois à Montréal où elle travaille pour le gouvernement du Québec. C’est sa première expérience de vivre hors de son foyer familial et dans une ville principalement francophone. De retour à l’Université du Manitoba, Jacquelyn termine son baccalauréat en art en mai 2001 avec une majeure en anthropologie et une mineure en psychologie.
Forte de ses expériences d’études, Jacquelyn décide que c’est le temps d’aller voir le monde. Elle vit encore chez ses parents et occupe deux postes à temps partiel pour mettre l’argent de côté pour un voyage en Asie du sud-est. En janvier 2002, Jacquelyn part avec une amie pour son premier voyage de backpacking. Elles passent trois mois à l’étranger, principalement en Thaïlande et au Cambodge. Pendant ce voyage, Jacquelyn apprendra à jongler avec le poï (un outil pour jongler avec le feu) et à danser avec le feu. La danse avec le poi est très populaire dans les milieux de backpacking en Thailande à cette époque. Jacquelyn et son amie assistes à plusieurs démonstrations à divers lieux à travers leur voyage. Une fois de retour à Winnipeg, Jacquelyn et son amie de voyage rencontre une troisième femme qui joue avec le feu et elles fondent une troupe de danse de feu qu’elles nomment les Fire Pyxies. Elles se produisent en spectacle partout au Canada pendant les prochains dix ans.
Peu après son retour à Winnipeg en 2002, Jacquelyn déménage dans son premier appartement avec une colocataire dans le quartier d’Osborne Village. Elle travaille quelques emplois à temps partiel et fait des projets créatifs mais cette première expérience de voyage a déclenché son esprit de voyageuse. En janvier 2004, Jacquelyn part pour un deuxième tour de backpacking avec une autre amie ; cette fois, elles partent pour cinq mois de voyage en Inde et au Népal. Avant de partir pour ce deuxième voyage, ses parents avaient convaincus Jacquelyn de soumettre sa candidature pour étudier les beaux-arts ; c’est quelque chose qu’elle a toujours voulu faire. Dès son retour au Canada, au mois de mai 2004, Jacquelyn est acceptée à l’Université des beaux-arts et de design d’Emily Carr (ECUAD) à Vancouver. Jacquelyn travaille et fait divers projets créatifs à Winnipeg pour les quatre mois avant de déménager à Vancouver et commencer ses études.
À ECUAD, Jacquelyn étudie principalement la réalisation vidéo et le cinéma. Son premier film, intitulé « The Journal », est un court-métrage qui parle de sa pratique de rédaction de journal de voyages, quelque chose qu’elle fait encore aujourd’hui. Lors de ses études à Vancouver, elle passe ses étés à Winnipeg (normalement pour 3 à 4 mois). Durant l’été de 2005, Jacquelyn rencontre Clinton Burch à Winnipeg et ils commencent à se fréquenter à longue distance.
En 2007, Jacquelyn fait un programme d’échange avec l’École nationale supérieure des beaux-arts (ENSBA) à Paris pour trois mois. C’est une expérience formative qui l’encourage de se jeter dans une vie artistique et de voyage. En tant que personne bilingue, c’est une autre occasion de vivre en français et d’agir comme traductrice pour ses collègues francophones et non-francophones.
Pour le projet final de son baccalauréat à l’ECUAD, elle produit l’œuvre Point de mémoire : les sports d’hiver , une installation d’art médiatique basée sur des vieux films trouvés en 8mm des années 1930’s qu’elle a achetés dans un magasin de seconde main à Winnipeg. L’œuvre examine la saison de l’hiver et découle d’une réflexion de sa nostalgie pour les longs hivers manitobains pendant qu’elle vivait à Vancouver.
Dès la fin de ses études en mai 2008, Jacquelyn retourne vivre à Winnipeg. Le coût de la vie est beaucoup moins élevé qu’à Vancouver, et elle pense pouvoir trouver du travail dans son domaine d’études. Ce choix est aussi influencé par le fait que Clinton a encore un an pour terminer ses études à l’Université du Manitoba. En effet, elle trouve qu’elle a plusieurs occasions pour pratiquer l’art et s’intégrer dans la communauté artistique à Winnipeg. Dès son retour, elle est invitée par la galerie La maison des artistes visuels francophones (MDA) à participer à un programme de mentorat d’un an avec l’organisme Mentoring Artists for Women’s Art (MAWA). Jacquelyn, inspirée par l’expérience de travailler avec des anciens formats cinématographique dans son projet Point de mémoire : les sports d’hiver, s’intéresse dans le sténopé et les anciens procédés photographiques. Elle devient membre du Pinhole Artists Collective (PAC) avec lesquels elle participera à deux expositions collectives. Pendant ce temps, Jacquelyn fait plusieurs performances avec les Fire Pyxies, principalement au Manitoba et en Saskatchewan.
En 2009, elle commence à réfléchir à la prochaine étape de sa carrière. Elle a toujours voulu enseigner, et décide de soumettre sa candidature pour des programmes de maîtrise en beaux-arts. En 2010, sa demande est retenue par l’Université Concordia, et elle déménage toute seule à Montréal à la fin août. Clinton viendra se joindre à elle en novembre 2011 ; il commence des études de comptabilité à McGill en janvier 2012.
En 2011, elle obtient une bourse d’études supérieures du Canada Joseph-Armand-Bombardier du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) pour financer son projet de recherche-création intitulé « Francophone-hybride », qui traite de la complexité de l’identité canadienne et francophone. À travers ses divers voyages et déménagements, son bilinguisme lui est très utile. En même temps, elle est confrontée par son identité unique en tant que franco-manitobaine. Par exemple, à Vancouver, les gens lui demandait si elle retournait vivre au Québec parce qu’ils disaient entendre son accent « francophone » ; au Québec, les gens lui demandent souvent pourquoi elle parle aussi bien le français en tant qu’« anglophone » parce qu’ils ne reconnaissent pas l’accent franco-manitobaine. Les œuvres de « Francophone-hybride » explorent les différences entre nos attentes culturelles et la réalité de nos expériences vécues ; elles comprennent l’installation, la sculpture la photo et le cinéma. En 2012, Jacquelyn est engagée comme instructrice pour un cours de l’histoire de l’art à Concordia. Elle enseigne pendant ses deux dernières années d’études de maîtrise. En 2013, pour les 7e Jeux Internationaux de la Francophonie à Nice, en France, Jacquelyn est choisie pour être la représentante en sculpture et installation pour l’Équipe Canada.
Jacquelyn termine ses études à l’Université Concordia en 2014. Elle présente une installation intitulée OKOKOK dans une exposition de groupe qu’elle a aidé à organiser avec sept autres étudiants de la maîtrise. L’exposition est présentée aux Ateliers Jean-Brillant dans le quartier de Saint-Henri à Montréal.
En juillet 2014, peu après la fin de leurs études supérieures, Jacquelyn épousera Clinton Burch à Pinawa au Manitoba. Ce même été, Clinton accepte un emploi à Toronto et ils déménagent tous les deux au mois de septembre de la même année. En mai 2015, ils deviennent parents d’une petite fille. Jacquelyn travaille actuellement comme gestionnaire de communauté et de projets pour un organisme artistique sans but lucratif et fait des projets créatifs. Leurs parents et plusieurs de leurs amis vivent encore au Manitoba, donc ils retournent souvent visiter avec leur fille. Elle va à une garderie francophone depuis 2016 et elle a commencé l’école élémentaire en français septembre 2019. Jacquelyn continue à voyager : elle va à la ville de Québec pour un résidence de réalisation en 2017 ; et à Vienne, Istamboul et New York en 2019.